L’épopée Russe

Il y a plus de 10 ans, une de mes connaissances m’avait appelé en larmes. Son cousin venait de se faire assassiner à St Petersburg d’une balle dans la tête par un skinhead. Depuis, et avec tous les autres « incidents » (euphémisme) sur leurs terrains de foot, j’ai toujours vu la Russie comme un sens interdit, un gros NON !
Et puis, deux, trois accolades et quelques sourires plus tard, le football est arrivé et a fait ce qu’il sait faire de mieux : rapprocher les peuples.
Un an avant la coupe du monde, avec des amis on s’est dit qu’il fallait réaliser ce rêve qui nous habitait depuis si longtemps, depuis l’époque où on tapait dans les ballons de fortune faits dans je ne sais quelle matière. Il fallait voir l’évènement sur place, pourvu que notre pays se qualifie. En Novembre 2017, les conditions étant réunies, on s’est dit que c’était maintenant ou jamais. « Mais c’est en Russie les gars, on fait peut être une bêtise là ».
Je suis arrivé à Moscou avec mes appréhensions. Se déplacer en groupe, faire attention, éviter les histoires, ne pas trop discuter… sont des conseils que j’ai bien écoutés de la part de gens qui s’inquiétaient pour moi. « Ça va aller, j’y vais juste pour voir mes matchs et rentrer chez moi ». Oui mais non.
Un peuple surprenant
L’accueil a été exceptionnel, au-delà de mes attentes. Les russes sont parmi les gens les plus sympathiques que j’ai jamais rencontrés (oui monsieur!). J’ai été pris en photo (sans exagérer) des milliers de fois. Ils ne sont pas habitués à voir des noirs je pense, et c’était plus par curiosité et envie d’aller vers l’autre. L’effet coupe du monde, l’ambiance de fête, y est sans doute pour beaucoup. Toutefois, il y a des gestes, des sourires, qui ne peuvent être feints. Les gens voulaient des photos de nous avec leurs femmes, leurs enfants, leur propre photo etc. On a vécu ce que vivent les stars au quotidien. Il suffisait de s’arrêter à un endroit pour voir accourir les gens qui s’agglutinaient pour avoir leur petit souvenir, chacun son tour. Et ça partait pour de longues séances de photos, de remerciements, de ‘’Welcome to Russia » etc. J’ai vu des gens nous apercevoir à 200 m et courir pour venir prendre leur petite photo. Des gens venaient demander « photo please » et sautaient comme des enfants à Noël quand on disait « ok ».
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Des jeunes qui partaient à leur cérémonie de graduation mais qui voulaient d’abord leur souvenir.

Alors au début ça booste l’égo, quoiqu’au bout de 300 photos on est un peu fatigués. Mais difficile de dire non à ces gens qui nous accueillaient avec une telle joie dans leur pays et qui faisaient tout pour nous faire sentir les bienvenus. Alors ça repartait de plus belle. Pour faire quelques dizaines mètres, on pouvait mettre des heures. À chaque coin de rue, ou des fois attablés pour dîner, les gens venaient dire bonjour et voulaient leur selfie. Même pour rentrer au stade, il fallait presque courir pour échapper aux paparazzi en herbe. Au bout d’un moment on trouvait cela tellement drôle qu’on a pris en photo les gens qui étaient entrain de nous prendre en photo.

 

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Nuée de photographes nous prenant en photo devant le Yekaterinburg Arena
On a sympathisé avec toutes sortes de personnes, au marché, dans la rue, dans le train, dans les fans zone. Dans le train, on s’est liés d’amitié avec Yelena, la responsable de notre Wagon grâce notamment à Google translate. J’ai aussi rencontré Sergei, ce russe qui après m’avoir demandé si j’étais musulman m’a dit que je devais absolument aller à Kazan, car s’y trouvaient le plus grand coran au monde ainsi que de somptueuses mosquées et que c’était un lieu chargé de connaissance et d’histoire. Il a ensuite sorti son téléphone pour me montrer des photos de lui et sa mère en visite dans la dite mosquée.
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Mon avis d’expert

J’ai dû donner près d’une dizaine d’interviews aux télés, russe, mexicaine, péruvienne, japonaise ( ou j’ai parlé tactique), colombienne et une interview à la Fifa ou je parle de notre expérience en Russie (j’en ai visionné/retrouvé aucune jusqu’ici).

 

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J’ai du aller en Russie pour rencontrer mon premier ours.#Ironie

 

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Interview FIFA

Des motifs d’espoir

Je ne suis pas pour autant tombé dans un angélisme béat. Les skinheads de 2006 et d’avant existent encore, et les fous furieux qui sévissent dans les stades ou attaquent les gens dans les métros et dans la rue n’ont sûrement pas disparus. Je suis convaincu que ces gens ont été menacés ou briefés parce qu’ils sont restés tranquilles et invisibles. Ce voyage m’a toutefois rappelé que partout sur le globe on est foncièrement les mêmes, différents en termes de culture et d’approche, mais fondamentalement humains, et qu’il y a des choses qui sont universelles. Il y a des pommes pourries partout, et lorsqu’on ne met l’accent que sur les barbares d’un groupe on finit par mettre tout le monde dans le même sac ( sounds very familiar). La propagande fait ça, les seules choses qu’on entend sur ce pays sont négatives, pour des raisons qu’on peut deviner.
En Russie j’ai vu le football être le dénominateur commun de tous les peuples. A la fin du voyage on a même appris une vieille chanson russe, avec des lyrics trouvés sur google, et surpris beaucoup de gens, dans les bus, dans les gares… bref on était en roue libre.
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La légende et le successeur

Une communion sans précédent

 

À côté de l’accueil des russes, il y a eu le partage entre supporters qui a été fabuleux. « Regarder les matchs et retourner à la maison » n’a jamais été une option en fait. On a mis l’ambiance dans le métro, dans l’avion, dans les halls, sur les quais, dans les fans zone, en centre-ville… Après avoir vécu ça, on a juste envie d’y retourner.

 

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Quelques japonnais avant le clash

Merci la Russie, Спасибо !

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